Pierre Cézorzinski est né en février 1964 à Sainte-Marie-aux-Mines, petite ville alsacienne nichée au creux d'une vallée vosgienne.
Il grandit en pleine nature, apprend à admirer la beauté de son environnement et à apprécier les choses simples.
En parallèle, il reçoit de son père artiste-peintre et de son grand-père relieur d’art un héritage technique précieux : au sein de l’imprimerie familiale, il observe leur pratique artistique et découvre la difficulté d’atteindre la perfection.
Il quitte cependant la région très jeune pour suivre ses parents à Strasbourg, ville dans laquelle il poursuit ses études du primaire au secondaire. Envoyé en pensionnat vers 1977, c'est dans les environs de Colmar qu'il concrétise sa passion pour la nature et obtient un diplôme de paysagiste en 1980.
En parallèle de sa pratique créative, à laquelle il se consacre à ses heures perdues, Pierre exerce différents métiers, des emplois « alimentaires » toujours choisis en fonction de leur potentiel créatif, et franchit à 37 ans le cap de l'officialisation en inscrivant son activité au registre français des entreprises, devenant ainsi artiste-peintre indépendant.
Depuis son premier atelier situé à Mutzig en Alsace, l'artiste expose relativement rapidement dans les galeries régionales, participe à de nombreuses expositions collectives dans le Grand Est et en Allemagne, s'investit dans plusieurs foires et salons en région parisienne et s'envole même en 2008 pour participer à une foire internationale à Canton en Chine.
En 2010, l’artiste déménage son atelier à Strasbourg et s'inscrit assez rapidement dans un courant contemporain convergent, dont l’inspiration est surtout issue de ses voyages. Il sort cependant du schéma artistique classique qui l'entoure en élaborant sa propre manière de peindre, une technique lui permettant « d'atteindre son œuvre tout en se facilitant la tâche » !
Anticonformiste mais sociable, inventif et peignant sans hésitation, il étaie sa maîtrise picturale en côtoyant des ateliers voisins, des artistes expressionnistes et des artistes plasticiens, un rapprochement qui le mène tout naturellement à composer avec la matière et la couleur.
La démarche actuelle de l'artiste s'apparente ouvertement à une dénonciation, une protestation contre la dégradation du milieu naturel et plus précisément la pollution de l'eau. Cet élément primordial et fragile qui peut connaître trois états physiques différents, gazeux, liquide et solide, est au cœur de la démarche idéologique de l'artiste. Le sujet de l'Antarctique s'associant parfaitement à son travail de la matière, il conjugue ainsi futur de l'eau et actualité culturelle.
Livrer les secrets de son âme à travers un langage au premier abord sibyllin finit cependant toujours par délivrer un message. C'est le parti pris de l'artiste : « Si le message de la peinture passe par la force de l'émotion ou par l'imaginaire du spectateur, qu'il soit profane ou connaisseur, je ne parle plus d’œuvre mais de joie artistique », écrit-il. Chez Pierre Cézorzinski, cette "joie artistique" passe donc surtout et avant tout par le travail de la matière associé aux dégradés. Ses toiles demandent une préparation presque semblable au travail d'un maçon. Les traces du couteau restent apparentes comme celles que laisse la spatule lorsqu'on enduit un mur. Sur ce type de texture savante et souvent colorée, il applique des aplats ou des dégradés dans les teintes et ajoute les ours polaires tout à la fin, sans doute pour signifier une plus grande fragilité. Un travail de texture à travers des superpositions de matière et une recherche raffinée de teintes créent une alchimie homogène dans laquelle les éléments circulent bien entre eux, et cet équilibre est une parfaite convergence entre abstraction et figuratif.
Comme mené par le fil d'Ariane, l'artiste semble chercher à travers son thème « Glaciation », une chose oubliée dans le temps, quand les ours étaient blancs et la glace encore solide. Dans ses toiles, tout laisse pressentir l’espace minéral. À travers les indices figuratifs que sont les ours blancs, l'imagination du spectateur est conduite en dehors de la toile. Le travail de l'artiste qui mélange des éléments figuratifs et des envolées abstraites par le biais d'une émotion intense nous renvoie à une citation de Carl Gustav JUNG :
« Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l'apathie en mouvement ».