Isabelle Souriment - Venus d'ailleurs (photos) - Auch
A la manière des écrivains et des cinéastes de science fiction, Isabelle Souriment suscite une réflexion critique sur le monde actuel en créant des images poétiques et drôles d’un futur imaginaire, où des animaux sauvages de contrées lointaines (Tropiques, pôles…) peuplent des paysages de zones tempérées (France, Danemark, etc.).
Ces manipulations virtuelles que l’artiste fait subir aux images font écho à celles qui sont infligées dans la réalité aux animaux par l’élevage industriel, la recherche génétique, le clonage et qui ont définitivement transformé nos conditions de vie. Ne peut-on avancer l’hypothèse que la nature et l’animal nous questionnent parce que leur statut les situe désormais au plus proche d’un réel que nous transformons, des espèces sauvages que nous réintroduisons dans un milieu surveillé, où le naturel ne peut survivre qu’enclos ?
De ces tableaux émane paradoxalement une ambiance paradisiaque, au sens littéral du terme ; paradis vient du persan par le grec paradeisos, qui signifie « parc clos où se trouvent des animaux sauvages ».
Isabelle Souriment explique sa démarche
« Ce travail est une rencontre, un assemblage comme une sorte de « mutation numérique », où je transporte un animal dans un lieu inhabituel donnant libre cours à l’imaginaire. Ne peut-on s’interroger sur la place réelle accordée à l’animal et à son milieu à l’heure actuelle dans une société modifiant et manipulant sans cesse le vivant ? Société qui en vient même à imaginer et créer des espaces protégés, « des enclos devenant huis-clos ».
Mon travail est de cet ordre-là, montage entre artifices, manipulations et sauvegardes. J’ai parfois joué sur la taille, la proportion des animaux par rapport au reste pour donner un côté étrange, ainsi que sur l’ombre qui reste souvent discrète afin de semer un doute sur leur réalité. Ce déplacement « numérique » d’animaux sauvages mutés dans un autre paysage que le leur, questionne ainsi la place de l’animal sauvage dans notre monde en mutation artificielle où le « naturel » ne peut survivre qu’enclos ?
L’intention est de créer par la photographie et son montage, une nature représentée, qui n’est plus originelle, ni indépendante de l’homme ; elle est manipulée, contrôlée, artificiellement intensifiée par la frénésie du monde qui l’entoure. En insérant des animaux dans un paysage inhabituel, je questionne les paradoxes entre l’idée « romantique » de la nature, sa « réalité » et notre « pouvoir » sur celle-ci. »
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